![]() |
![]() |
14 novembre 2010, huitième soirée : Gustave Ricaux
Dans la même rubrique Gustave Ricaux Gustave Ricaux Gustave Ricaux Ricaux, mon maître Ricaux, my Master Ricaux e la Scuola Italiana Ricaux et l’Ecole italienne Ricaux and the Italian School Gustave Ricaux Gustave Ricaux Gustave Ricaux Perché Ricaux a Roma? Souvenirs de Gustave Ricaux A recollection of Gustave Ricaux Ricordi di Gustave Ricaux
|
Gustave Ricaux
|
![]() |
Pierre Lacotte, élève de Ricaux à l’Ecole de l’Opéra |
Mon premier cours de danse, je l’ai pris avec lui. Je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui. J’étais très impressionné par sa rigueur, mais conscient que tous les mouvements qu’il montrait étaient éloquents. Impressionné et admiratif je m’efforçais de reproduire ce qu’il me montrait, sans doute maladroitement, car je sentais autour de moi les plus grands, prêts à se moquer de mes erreurs. Prise de pitié, sa femme, qui avait été, elle aussi, danseuse autrefois, vint près de moi et, avec beaucoup plus de patience que lui, rectifia la position de mes bras. Son explication pour monter les bras au-dessus de la tête en couronne me parut d’une grande beauté. Je la regardais fasciné. J’appris les positions règlementaires des bras et des jambes ainsi que deux-trois exercices. A huit ans cela était suffisant pour mon premier contact. Autant dire que le soir je repassais tout cela dans ma tête pour ne rien oublier.
J’ai travaillé tous les jours avec acharnement pendant deux ans. Je sentais que j’étais entre les mains d’un grand savant de la danse ; stimulé par l’entourage de tous ses élèves qui le vénéraient, je réalisais la chance que j’avais d’avoir un maître, un vrai ! et qu’il me fallait mettre les bouchées doubles pour ne pas le décevoir et être à la hauteur des circonstances.
Les enfants dansaient comme des Dieux ! A mon niveau, la moindre des pirouettes paraissait être un exploit ! Hélas, pendant les premières années de la Guerre, il a quitté l’Opéra. Son départ m’a consterné, je me sentais perdu, abandonné ! J’ai continué seul à faire ses exercices inlassablement, ne voulant rien perdre de l’endurance qu’il m’avait donnée. Personne mieux que lui ne pouvait apprendre à lier tous les mouvements, à enchaîner des pas avec autant de maintien, d’envergure ! Je ne voulais pas l’oublier. Après quelques années d’absence, il est revenu de Monte Carlo. Ce fut l’un des plus beaux jours de ma vie. J’ai alors pris ses cours tous les matins, puis à l’heure du repas, où nous étions libres, j’ai pris chaque jour sans pianiste une leçon particulière dans un studio aujourd’hui disparu Cité Pigalle.
Il me serait possible de parler de lui pendant des heures, de la manière dont il nous apprenait à faire les grandes pirouettes à la seconde, les manèges de coupés-jetés à droite et à gauche. Le mieux est de reconstituer un de ses cours et de citer quelques élèves formés par lui : Serge Peretti ; Paul Goubé ; Roger Fenonjois ; Roland Petit ; Jean Babilée ; Serge Golovine ; Raymond Franchetti ; Daniel Seillier ; Raoul Bari ; Lucien Duthoit ; Gilbert Mayer ; Attilio Labis ; René Bon ; Alexandre Kalioujny ; Michel Renault ; Jean-Paul Andréani ; Michel Descombey. Il eut également comme élèves Madeline Lafon et Claude Bessy.
Ces lignes écrites afin de lui rendre hommage et lui dire toute ma reconnaissance.