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2 avril 2011, dixième soirée : Le Plan aérien
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Le saut, une fulgurance
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Gil Isoart
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Puis avec Gilbert Mayer, j’ai appris cette vélocité de la petite batterie. Avec Attilio Labis, c’était la grande technique masculine, les sauts de basque, les double-assemblés, les manèges et autres prouesses comme les révoltades. Quant à Edward Villella du Miami City Ballet, préparé par des séries de battements dégagés sur les temps et les contretemps dès la barre, j’ai expérimenté une sensation d’élasticité et de rythme, permettant des prises de risque et des jeux avec l’espace. Auprès de professeurs russes comme Nikita Dolgouchine, j’ai ressenti la suspension immédiate du haut du corps par la coordination, la musicalité et le placement proposés. Sans oublier Loïpa Araujo qui par la richesse de ses exercices nous amène à lâcher les freins mentaux.
Mais le grand moment pour un artiste est la confrontation avec la scène et le public. Si je suis souvent sorti frustré d’une répétition, la magie du spectacle m’a permis de me surpasser, de trouver le second souffle et une puissance jusqu’alors inconnue dans un saut (favorisée certaines fois par les plateaux à l’italienne en pente…).
Par des pratiques d’arts martiaux et en travaillant avec le chorégraphe Saburo Teshigawara, j’ai pu comprendre l’importance de la détente. Il s’agit de retrouver dans la forme classique le saut naturel, savant dosage de détente et tension créant le mouvement en suspension entre équilibre et déséquilibre en trois dimensions. Avec l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé, Odile Rouquet m’a aiguillé sur de nouvelles pistes, de nouveaux fonctionnements : danser avec une vision périphérique (celle que nous utilisons pour conduire) pour projeter le mouvement, libérer les chaînes musculaires, conçues en spirales, afin d’acquérir plus d’amplitude, de propulsion.
Le saut est une volonté de communication avant tout. Il exprime un état d’être. Ainsi, Wilfride Piollet précise dans Les Barres Flexibles : « (…) le mouvement de la prise d’élan est source d’émotion ; dans le saut, on éprouve non seulement le vertige de l’élévation mais aussi celui de la chute. »
Expression de l’homme, le saut prend sa source dans nos rêves de plus et de plénitude. Il nous ouvre au mystère de la vie. En un instant, il est au sommet et déjà n’est plus. Il allie une fulgurance et sa fin…